À la 40ème édition de Lovers Film Festival, FRED Film Radio a interviewé le réalisateur Gaël Morel pour parler de “Vivre, mourir, renaître”, film d’ouverture de l’édition 2025.
Une histoire d’amour
Comment le réalisateur décrirait-il “Vivre, mourir, renaître” aux auditeurs de FRED Film Radio? “C’est un film qui est d’abord une histoire d’amour”, explique Gaël Morel. “Et j’ai essayé de faire une histoire d’amour qui soit la plus inclusive possible, l’histoire d’un amour d’un fils pour son père, d’un père pour son fils, d’un homme bisexuel pour un homme gay, d’une femme hétérosexuelle pour un homme bisexuel. Et je voulais faire vraiment des variations autour du thème amoureux. Donc moi ce qui prime avant tout dans ce film, c’est vraiment de dire que c’est une histoire d’amour”.
La peur du sida
“Vivre, mourir, renaître” se déroule dans les années 90. À cette époque, Morel était un jeune homme. Que garde le réalisateur de cette période où la peur du sida était palpable? “Les années 90 c’est particulier parce qu’on savait déjà comment se préserver comme ça de la maladie”, explique Gaël Morel. “Alors ça levait quand même un peu de la peur, mais en revanche il n’y avait aucun traitement, même pas une trithérapie. Donc c’est vrai que si on se savait contaminé, on était quand même un peu anéanti, parce qu’on pensait qu’on allait mourir, ce qui n’était pas toujours le cas non plus, puisque beaucoup de gens ont survécu. Mais c’était quand même très probable comme ça d’avoir la vie écourtée. Donc la peur, ce n’était pas vraiment une peur tangible comme ça, c’était une forme plutôt de peur diffuse, un peu comme une épée de Damoclès. Mais quand on est jeune, c’était une maladie de la jeunesse, le sexe, la fête. Mais quand on est jeune, on a heureusement la chance de penser qu’on est immortel aussi”.
La représentation de la maladie
Il existe d’autres films qui parlent du sida. Lorsque le réalisateur a commencé à écrire le scénario, que voulait-il éviter dans la représentation de la maladie? “Moi je ne suis pas trop d’accord sur le fait qu’il y ait beaucoup de films qui parlent du sida. Je trouve qu’il y en a très peu”, explique Gaël Morel. “Quand on considère le désastre que ça a été à l’échelle humaine, on peut le comparer à une guerre. Il y a énormément de films sur la guerre, et je trouve qu’en comparaison, il y a très peu de films sur le sida. Moi je peux en citer à peine une dizaine. Ce qui est quand même très peu par rapport aux millions de morts. Et dans ces films-là, la plupart s’arrêtent en 1990 et racontent surtout comment tout le monde mourait. Mais il y a très peu, moi je n’en connais presque aucun, de films qui racontent à partir des années 1990 et comment les gens survivent. Parce que pour moi c’est l’un des sujets importants du film, c’est comment on réapprend à vivre quand on vous a dit que vous alliez mourir très vite, très jeune. Donc on a mis un frein à vos projets, à la projection”.
Plot
Paris, années 1990. Emma est en couple avec Sammy, avec qui elle a un enfant. Leurs vies prennent un tournant inattendu lorsqu'ils rencontrent leur nouveau voisin, le photographe Cyril. Sammy se lie d'amitié avec lui et, petit à petit, l'attirance entre eux se manifeste inévitablement, menaçant son lien avec Emma. Cela semble d'abord un terrible dilemme, mais il s'avère que ce n'est qu'une des « tempêtes passagères de la vie » comparée à la mort. En réalité, la menace du sida plane sur eux, seule véritable limite à leurs différentes dynamiques affectives. Le retour de Gaël Morel à la réalisation, avec qui il a participé à la dernière Queer Palm.