Sept ans après son superbe premier long-métrage, “En attendant les hirondelles”, le réalisateur algérien Karim Moussaoui revient avec “L’Effacement“, tiré du roman de Samir Toumi. Dans ce film de coproduction franco-germano-tunisienne projeté en séance spéciale au 21e Festival international du film de Marrakech, l’avenir de la jeunesse algérienne – représentée par le personnage central de Réda joué par Sammy Lechea, un fils à papa bourgeois falot, entièrement soumis au contrôle absolu de ce dernier – semble une notion sclérosée, voire rendue caduque par la férule de la génération des anciens combattants à présent au pouvoir. Le présent s’en trouve de fait vidé de toute substance pour n’être plus qu’une chambre d’écho où notre anti-héros, hagard, n’entend plus qu’un angoissant silence qui happe non seulement tout son devenir, mais tout son être, rendu invisible à lui-même.
Sammy Lechea nous parle de l’effacement généralisé de son personnage, avant même qu’il ne perde son reflet, mais aussi de son étrange parcours en forme d’errance et de la signification de sa rencontre avec Malika, incarnée par Zar Amir. Le comédien, qui relève ici le défi significatif de donner chair à un héros omniprésent à l’image mais absolument insondable, dévoile comment il s’y est pris pour composer ce rôle.
Nous discutons aussi du balancement de Réda entre éruptions de violence et passivité, de ce que représente le personnage de son frère, de cachettes au fond du jardin, du malaise hérité des générations antérieures, mais aussi de la lueur d’espoir que le comédien aime à entrevoir malgré tout dans ce fascinant récit, finement ouvragé par Moussaoui.
Plot
Réda vit chez ses parents dans un quartier bourgeois d’Alger. Il occupe un poste dans la plus grande entreprise d’hydrocarbures du pays dirigée par son père, un homme froid et autoritaire. Sous tous ces vernis apparents, Réda dissimule un mal-être profond. Un jour, son père meurt et un événement inattendu se produit : le reflet de Réda disparaît du miroir…
Avec : Sammy Lechea, Zar Amir