Le délégué général de la Quinzaine des Cinéastes, Julien Rejl, évoque pour nous la sélection de la 56e édition de la section parallèle du Festival de Cannes.
Sur le travail de sélection et le choix de “films qui divisent”: “On essaie de ne pas construire une ligne trop consensuelle, puisque l’idée du cinéma, c’est aussi que ça fasse débattre, et les films qui mettent tout le monde d’accord ne sont pas forcément les plus intéressants. Mon travail est donc de veiller à repérer, au sein du comité de sélection, les films par rapport auxquels je sens une résistance, une méfiance, une critique, mais une critique qui repose sur des arguments cinématographiques. Ça peut être, à la marge, parfois, fondé sur des raisons politiques, sur la façon dont un film se positionne sur telle ou telle question, mais ça, ça reste assez marginal. C’est plus des questions d’écriture, de cinéma, est-ce le film renouvelle ou pas l’approche de ce qu’il traite, quelle est sa place au sein du cinéma national qu’il est censé représenter… J’ai un comité qui pousse vers l’audace, la découverte, l’exploration hors des sentiers battus. Mon rôle est de trouver des films qui, mis ensemble, vont s’adresser à différents types de public, différents types de cinéphiles… Donc au sein de la sélection prise dans sa globalité, on peut se dire, ça, ça plaira à untel, mais ça ne plaira pas à d’autres“.
Sur l’accent mis sur l’écriture cinématographique: “Je n’utilise pas vraiment le mot histoire parce qu’on ne filme pas des histoires : on les met en scène. Ce qui va frapper notre attention, nous surprendre, nous intéresser de prime abord, c’est la façon dont ces histoires sont écrites avec les moyens du cinéma. C’est pour ça que je mets l’accent sur la question de la mise en scène, qui reste une notion difficile à définir au cinéma, et c’est également la raison pour laquelle je ne parle pas de thématiques, car globalement, l’idée de cette sélection de la Quinzaine, c’est de ne répondre à aucun quota, de ne pas donner une sorte de portrait des “thématiques” contemporaines les plus usitées, non, c’est justement d’aller chercher le cinéma dans ce qu’il a de plus diversifié dans ses formes et dans ses écritures.”
Sur l’affiche peinte par Takeshi Kitano (passé par la Quinzaine en son temps): “Ça s’est présenté comme une évidence. Je ne l’avais pas prémédité, et puis soudain, j’étais au Japon, je pense à Kitano et je me dis que ce serait complètement inattendu. Kitano a un tel humour, il ne se prend vraiment pas au sérieux, il a beaucoup d’autodérision, et ce n’est pas du tout de l’humour moqueur, mais de l’humour potache. Je me suis dit que si on donnait cet imaginaire-là à la Quinzaine, finalement ça lui ferait retrouver sa qualité un petit peu à part, qui se veut décalée par rapport aux autres sélections, qui ne se prend pas au sérieux, qui met le plaisir, l’humour, la fantaisie au centre de ses préoccupations.“