Le réalisateur Antoine Chevrollier nous parle de son premier long-métrage, “La Pampa“, un récit à la fois solaire, jeune coloré et très sombre et violent tourné dans sa campagne natale, près d’Angers, sélectionné à la 63e Semaine de la Critique.
Sur la violence qui s’exprime dans l’environnement cruellement sclérosé dans lequel se passe le film: “Je pense que pour éprouver ce que peuvent traverser certaines jeunes filles, certaines femmes, certains hommes et jeunes gens dans ce genre de territoire, il faut se confronter à la violence qu’elles ou ils subissent. C’est quelque chose que j’aime au cinéma : je pense qu’à un moment donné, c’est un outil pour montrer cette violence, et évidemment pour être dans une forme d’empathie par rapport à ça. C’est ce qu’on avait essayé de faire précédemment avec la série Oussekine, et c’est ce que j’essaie de faire avec La Pampa. Cette violence elle existe, elle est réelle (…) Il y a des gamins qui meurent de cette violence alors montrons-la, frontalement, et j’ai bon espoir, même si c’est peut-être naïf de ma part, sur le fait qu’il est possible de faire un tout petit peu bouger les choses à partir du moment où l’empathie rentre dans le tableau et qu’on peut se dire ‘OK, là, j’ai eu (avec une femme, avec mon fils, avec ma fille) un comportement plus que déplacé’. Si le cinéma permet ça, et si les images, malgré le fait qu’elles soient violentes, permettent ça…”
“La question du déterminisme social est une question qui me préoccupe beaucoup (…) À travers le rapport entre Marina et Willy, ce qu’il était important pour nous de montrer, c’est que malgré le fait que ce soit un village, il y a des disparités sociales, il y a des disparités culturelles. Tout le monde ne part pas dans la vie avec le même bagage. Ce qu’a Marina, et elle n’en est absolument pas consciente, c’est que son prisme d’acceptabilité des choses est déjà ouvert, là où Willy n’a pas encore conscience du monde autour de son village. Ce qu’elle lui offre est très précieux, de la même manière que ce que lui offre Jojo est très précieux, c’est qu’elle lui dit : ‘Regarde, à quelques kilomètres, il y a ça’.”
Sur la part d’amour, et le côté radieux de cet été à la campagne : “Dès l’écriture, on voulait que ce soit un film solaire, on voulait donner à éprouver au spectateur ces sentiments d’été, de chaleur, de peaux un peu suintantes et, finalement, de générosité. Dans la forme, on voulait quelque chose qui soit généreux. Avec Benjamin Roux, le chef opérateur, et avec toute l’équipe artistique (le make up, tout), on a essayé de pousser un peu les curseurs, pas par simple plaisir esthétique, mais par réalisme (pas par naturalisme). Moi, c’est les souvenirs que j’ai (…). Je voulais coller au plus juste et faire en sorte qu’il y ait pour le spectateur, en tout cas au début, quelque chose de réconfortant, et presque d’enveloppant”.
Plot
Willy et Jojo sont amis d’enfance et ne se quittent jamais. Pour tuer l'ennui ils s’entraînent à la Pampa, un terrain de motocross. Un soir, Willy découvre le secret de Jojo.