Akadimia Platonos est un quartier situé au nord-est d’Athènes. Il doit son nom à l’Académie de Platon. Il est densément peuplé, par des habitants qui vivent dans de grands immeubles à deux étages.
C’est à cet endroit que se déroule le film Akadimia Platonos, écrit et réalisé par le Grec Filippos Tsitos. Ce film, qui a été présenté en 2009 au Festival International du Film de Locarno, se penche sur le problème crucial des tensions interculturelles qui se manifestent de plus en plus dans la Grèce contemporaine, au moment même où l’opinion publique internationale a pris conscience de la crise économique du pays. Présenté sous forme de comédie, ce film suit quatre petits commerçants qui ouvrent chaque jour leurs rideaux de fer et restent assis ensemble, à boire et tenir des propos racistes contre les ouvriers Chinois et Albanais qui travaillent sur le chantier d’en face. Le cas de la mère de l’un d’entre eux, qui souffre d’une forte amnésie, ajoute au récit une deuxième question importante : celle de la mémoire et de la possibilité de recréer le passé dans le contexte du présent.
Tandis que l’Académie philosophique de Platon débattait sur l’idéalisme et la remise en question de l’ordre du monde, dans Akademia Platonos, dans un square de ce qui est désormais une banlieue, les descendants de la culture grecque antique boivent, jouent au football et insultent les immigrants. Cette représentation pleine d’ironie met l’accent sur le contraste entre ces échanges de propos xénophobes et le dialogue des anciens platoniciens au sujet du collectivisme et de la construction de la Cité idéale.
Filippos Tsitos est né à Athènes en 1966. Il a étudié le marketing à l’Université d’Athènes et a commencé à travailler comme directeur artistique et assistant de direction sur différents documentaires, puis comme producteur de plusieurs émissions musicales pour la radio. Il est ensuite allé vivre en Allemagne (le pays coproducteur d’Akadimia Platonos avec la Grèce) pour se spécialiser dans la réalisation à L’Académie de cinéma et de télévision de Berlin. Son talent de narrateur s’est révélé grâce à ses courts-métrages, comme Parlez-moi d’amour, qui a remporté le Prix du cinéma allemand du meilleur court-métrage en 1994, et qui raconte l’histoire de deux immigrants en Allemagne, un Grec et un Russe, qui se rencontrent dans un bar et essaient de tenir une conversation bien qu’ils ne parlent pas la même langue. Son premier long-métrage, My Sweet Home, sélectionné en 2001 au Festival de Berlin, relate l’amusante histoire d’une fête précédant le mariage d’une Grecque à un Américain en exil.
Tsitos explique : “Quitter la Grèce et m’éloigner de mon pays m’ont donné le désir de l’analyser et de le comprendre. C’est après m’être établi à Berlin que j’ai commencé à m’intéresser à mes origines., et que je me suis mis à écrire des histoires et à développer ma propre vision de la Grèce. C’est en prenant mes distances géographiquement que j’ai pu développer ce regard perspicace et original.”