PODCAST | Bénédicte Prot avec Samuel Jouy, Souleymane M’Baye, Ali Labidi – réalisateur et acteurs – Sparring
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Samuel Jouy et les deux sympathiques partenaires de combat qui donnent la réplique à Kassovitz dans Sparring, Labidi et le boxeur M’Baye, nous parlent de leurs rôles, qui leur vont comme des gants (de boxe), et nous font partager un peu de la bonne humeur et du plaisir d’être ensemble qu’on imagine qu’ils ont eu sur le tournage du film, tout se portant des coups pour de vrai. On comprend à les entendre pourquoi Jouy décrit ce sport (dans l’interview que FRED a réalisée avec lui en anglais) comme une discipline individuelle en équipe.
Sparring: À plus de 40 ans, Steve Landry (Mathieu Kassovitz) est un boxeur qui a perdu plus de combats qu’il n’en a gagné. Avant de raccrocher les gants, il accepte une offre que beaucoup refuseraient: devenir sparring partner du champion émergent Tarek M’Bareck. Une dernière occasion de briller auprès de sa femme et de ses enfants.” (site officiel du Festival de Locarno) avec Mathieu Kassovitz, Olivia Merilahti, Souleymane M’Baye, Billie Blain, Ali Labidi… Ce premier long-métrage en tant que réalisateur de l’acteur Samuel Jouy, bien soutenu par une photographie dynamique tachée de rouge, ainsi que par une ingénieuse utilisation de la musique et des espaces où se déploie l’action, joue habilement de la force et de la sensibilité de ses comédiens autour de l’histoire de Steve Landry, ce perdant dont on admire malgré tout la ténacité qui lui vaut d’arriver à se faire embaucher par le champion joué par le boxeur Souleymane M’Baye, aux côtés de collègues plus jeunes et vigoureux (comme le personnage d’Ali Labidi), malgré son piètre tableau de chasse et en dépit des risques, parce qu’il est déterminé à pouvoir acheter un piano à sa fille mais aussi parce qu’il aime son sport – bien qu’on puisse douter qu’il ait jamais eu ce qu’il appelle “le truc”. Paradoxalement, à mesure que ce personnage touchant continue de descendre la pente, on se surprend aussi à trouver de la dignité voire de l’élégance dans la manière dont il assume complètement ses manquements. C’est aussi qu’on se met à l’observer à travers le regard de la famille qui l’entoure : la jeune et séduisante mère de ses enfants (incarnée par Olivia Merilahti, également auteure et interprète de certaines des musiques du film), qui l’aime tel qu’il est et soutient ses choix tout en l’en protégeant gentiment, sans forcer, mais surtout sa fille de 10-12 ans Aurore, qui comme son nom l’indique est à l’aube de sa vie quand Steve est au crépuscule de sa carrière, et pour laquelle il a tous les rêves auxquels il a renoncé pour lui. À travers les yeux de cette enfant intelligente, qui voit bien ce qui se passe et en comprend tacitement les enjeux, on en vient à voir en Steve père de famille un héros, qui parvient bel et bien à s’ouvrir des portes ainsi qu’aux siens, sans compter ni sur les autres, ni sur la chance.
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